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5 mai 2014 1 05 /05 /mai /2014 14:12

 

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Vous cherchez un roman qui vous dépayse, vous captive, vous touche et contient à la fois une véritable profondeur ?
  Ne Tirez pas sur l’oiseau moqueur  est de ceux-là.

En effet, dans cette œuvre d’Harpeur Lee, nous suivons sur trois ans le quotidien d’une famille de Maycomb, petite ville fictive de l’Alabama. Les évènements se déroulent dans les années 1930, pendant la Grande Dépression et nous sont racontés par Scout, alors âgée de 6 ans au début du livre. Cette famille des plus attachante est un peu atypique. Elle compte en effet Atticus Finch, un avocat élevant seul ses deux enfants, Scout ( de son vrai nom Jean-Louise, petite fille véritable garçon manqué) et Jem (Jeremy, de quatre ans son ainé), ainsi que Calpurnia, la cuisinière de couleur noire. La mère des deux enfants est décédée peu de temps après la venue au monde de la cadette. L’éducation aimante donnée par Atticus est alors assez libre et souvent critiquée par une bonne partie du voisinage qui qualifie les enfants de « sauvageons ». Ces derniers, débordants d’imagination, accompagnés de leur ami Dill, s’amusent à grimper aux arbres, à s’inventer des histoires, à spéculer sur les voisins, et n’hésitent pas à se battre si leur honneur est mis en cause. Scout, la narratrice, porte toujours une salopette, vêtement tellement plus pratique pour ces occupations qu’une robe de petite dame !
La première partie du livre établit le contexte en relatant les diverses tribulations des trois enfants, ce qui permet au lecteur de s’imprégner de l’atmosphère de cette petite ville du Sud des Etats-Unis et de faire connaissance avec ses habitants. Miss Stephanie, commère curieuse et médisante, Miss Maudie, veuve de l’âge d’Atticus, fidèle alliée des enfants, et surtout Boo Radley, baptisé ainsi par les trois compères qui en ont peur au point de courir en passant devant sa maison et se montent toute une histoire, parce que celui-ci n’est jamais sorti de chez lui. A la fois terrifiés et fascinés par ce voisin, ils essaient d’en imaginer l’apparence (évidemment monstrueuse !) et la raison de sa réclusion. Tout en relatant naïvement ses aventures de son point de vue d’enfant, la narratrice met très subtilement en avant la mentalité fortement raciste et emplie de préjugés, de l’Amérique ségrégationniste. Mentalité qu’elle ne comprend d’ailleurs pas.
Le décor est ainsi planté pour l’évènement majeur du livre, qui se produira dans la seconde partie : Atticus est commis d’office pour la défense d’un noir, accusé d’avoir violé une jeune fille blanche. La population, hormis quelques-uns rares, s’en prend alors au veuf et à ses enfants, leur reprochant d’accepter de défendre un « nègre ». Lorsque lors du procès, Atticus démontrera indéniablement l’innocence de l’accusé, celui-ci sera quand même condamné, ce qui révoltera les trois enfants qui vivront cette injustice douloureusement. Tout s’enchaine alors très vite dans cette seconde partie où les rebondissements se succèdent.
Cet ouvrage possède une véritable portée puisqu’il se fait plaidoyer pour l’égalité, la tolérance et la justice. Il s’apparente par ailleurs au conte initiatique parce qu’il fera grandir les enfants en confrontant leur regard innocent aux préjugés et à la méchanceté des gens et à l’hypocrisie et l’injustice de la société américaine de l’époque. Fort heureusement, l’éveil à la conscience de nos protagonistes, se fait aussi dans le positif puisque Boo Radley s’avérera finalement bienveillant envers les enfants qui avaient eux-mêmes émis des préjugés à son sujet.

Un roman de ceux que l’on ne peut plus lâcher une fois commencé et dans lequel on se replonge avec régal à chaque nouveau chapitre, pour retrouver les personnages si attachants. On éprouve aussi le plaisir de se laisser attendrir par la drôlerie et l’humour de l’écriture, dont le génie provient de faire narrer une enfant à travers ses propres mots et le regard et la logique de son âge.

Publié en 1960, l’œuvre reçoit en 1961 le prix Pulitzer et est adapté au cinéma en 1962. Placé d’après un sondage en tête des romans américains qui ont le plus marqué le XXème siècle, il est étudié dans les lycées et collèges du pays. Toutefois, malgré son immense succès, ce best-seller est la seule et unique œuvre publiée à ce jour par son auteur.

 

 

Clémence LE PARC-LAUZEL

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